Bibliothèques d’Asie du Sud-Est

Le Blog d’une conservateur en disponibilité devenue pour un temps « travelling librarian »…

Bibliothèque de l’Université de Sarawak, Malaisie (UNIMAS) juillet 26, 2007

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Conçue par un architecte japonais, la bibliothèque a ouvert ses portes en 2006, sur un campus de 8000 étudiants.

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Entièrement équipée RFID (portiques et automates 3M), elle compte 120000 livres, 1000 titres de périodiques papier, et propose l’accès à 18000 journaux électroniques. Grâce à une rotation des équipes (11 bibliothécaires et 50 autres personnes), elle est ouverte jusqu’à minuit en semaine, jusqu’à 23h le week-end, avec une salle de lecture accessible tous les jours 24h/24.

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Le « Smart Reference Desk » (« bureau d’information futé ») sur le site web permet de poser des questions aux bibliothécaires et de consulter une FAQ. Au début de chaque semestre, les ressources de la bibliothèque sont présentées aux, et deux fois par semaine, ils ont la possibilité de suivre à la bibliothèque des cours en maîtrise de l’information, déclinés en différents modules.

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Le prêt entre bibliothèques (entendu comme concernant les documents qui ne sont ni en Malaisie ni à Singapour) est proposé gratuitement par ARTel, service payant de la British Library.

cais5.jpgEspace détente avec télevision (chaînes satellite), livres de fiction et canapés

 

Bibliothèque publique de l’Etat de Sarawak, Bornéo, Malaisie

Filed under: bibliothèques publiques en Malaisie — boscaurelie @ 1:46

Inauguré en 1999, cet immense et imposant bâtiment est situé entre la grande mosquée et le golf, au milieu d’un grand parc et dominant un lac…

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Dommage qu’il soit situé un peu loin du centre ville – mais étant donné la vitesse d’extension de la ville, le centre sera bientôt là. Contrairement aux autres bibliothèques régionales de Malaisie (comme celle de Shah Alam, voir le billet du 24 juin), la bibliothèque de Sarawak n’a qu’une seule bibliothèque dans son réseau (Miri). Les 23 autres bibliothèques du Sarawak sont placées sous l’autorité des conseils municipaux – héritage historique du Sarawak, conquête des « Rajahs Blancs », qui n’a rejoint la fédération de Malaisie qu’en 1963, et dont le régime législatif est différent – mais bénéficient des programmes menés dans leurs locaux par la bibliothèque du Sarawak, et de son expertise – voir à leur sujet le texte présenté à l’IFLA 2007 sur la connexion à internet dans les bibliothèques rurales (disponible en français).

Les grands espaces semblent manquer de lecteurs (70 entrées par jour en moyenne basse) mais il paraît que la bibliothèque est pleine les week-ends (ouverture du lundi au dimanche de 11h à 19h – l’ouverture jusqu’à 22h a été récemment abandonnée faute de moyens, et peut-être de lecteurs ?), avec 40000 inscrits (pour 500000 habitants). Le bâtiment est agréable et fonctionnel, avec connexion WIFI, les livres sont neufs et bien rangés, le patrimoine (un peu maigre) est bien mis en valeur et préservé (je note l’utilisation de cote sur film transparent insérées dans les pages du livre, peut-être pas en mylar ou en melinex mais toujours mieux que de coller la cote au dos !).

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A la manière de Singapour, la bibliothèque propose un « Business Information Center » où le service de recherche bibliographique est facturé 6,50 € l’heure. Le centre gère un annuaire des entreprises locales.

Ressources en ligne (projet en cours):

  • Aviola : émissions de télévision sur l’histoire, la géographie et la science ; vidéo et musique des groupes ethniques du Sarawak
  • Sarawakiana : « fonds local » numérisé
  • E-newpapers : articles des journaux locaux scannés et indexés
  • Genie : FAQ sur l’histoire locale et autres
  • Réservoir des auteurs du Sarawak : auteurs locaux et leurs publications
  • Esther (payant): ebooks, périodiques en ligne, bases de données.

Pour les jeunes, un espace assez agréable, bien qu’avec très peu de documents…

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Pour les plus jeunes, des ordinateurs avec des jeux, l’Encyclopédie Disney, et deux rayonnages de livres.

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J’ai bien aimé le concept du « Coffee Corner » : vous pouvez vous installer poser vos questions (bibliographiques) au bibliothécaire autour d’un café, ou bien suivre une introduction aux ressources de la bibliothèque (du lundi au vendredi de 14h à 15h), puis prendre un petit café offert par la maison.

Touche d’humour (sur un sujet plutôt sérieux en Malaisie) : pour fréquenter la bibliothèque, vous êtes tenu(e) de respecter les règles suivantes (c’est le cas dans toutes les bibliothèques de Malaisie) :

« 1. Porter une tenue propre et décente.
1.1. Jupes et shorts doivent avoir une longueur décente.
1.2. Tongs, pantalons moulants, robes sans manches et jeans déchirés sont interdits.
1.3. Les personnes qui ne répondent pas aux règles ci-dessus peuvent porter une blouse qui leur sera fournie. »

 

Bibliothèques et développement durable – Conférence internationale, Sarawak, Malaisie, 12-14 juillet 2007 juillet 19, 2007

Je reviens tout juste de la conférence intitulée « Bibliothèques et développement durable », qui s’est tenue à Kuching (Sarawak, Bornéo, Malaisie). Organisée par la branche sarawakienne de l’association des bibliothécaires de Malaisie (Persatuan Perpustakaan Malaysia, PPM) comme contribution des bibliothécaires aux célébrations du cinquantenaire de l’indépendance de la Malaisie, elle a réuni 160 participants autour de 15 intervenants, 10 venant de Malaisie, et 5 de Thaïlande, Indonésie, Iran, Australie et Etats-Unis.

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Si certaines communications étaient un peu « hors sujet » (le marketing appliqué à la bibliothèque, la norme de description bibliographique RDA, les bibliothèques numériques iraniennes, les facteurs de satisfaction ou non-satisfaction au travail des bibliothécaires dans les BU malaisiennes, les projets de développement durable du Roi de Thaïlande pour l’agriculture), la plupart étaient liées au thème du développement durable et des bibliothèques.

Le rôle de l’IFLA et la déclaration faite lors du Congrès de Glasgow en 2005 sur les bibliothèques et le développement durable ont été rappelés. A propos de l’IFLA, les bibliothécaires malaisiens attendent avec impatience l’annonce (qui sera faite à Durban) de la ville lauréate pour accueillir le Congrès de 2010, car Kuala Lumpur a été retenue avec 2 concurrents : Singapour et Brisbane !

Quelques notes sur les communications qui m’ont le plus intéressée :

Partenariats entre bibliothèques de pays développés et pays en voie de développement
John Hickok (
California State University) a visité pendant un an (2005-2006) des bibliothèques dans 14 pays d’Asie du Sud-Est, afin de mieux évaluer les besoins des étudiants étrangers en matière de recherche (c’est ce type de projet que j’aurais dû proposer au Ministère !). Principaux pays qui affichent clairement une politique de partenariat : Etats-Unis (ALA, Sister Libraries Programme), Royaume-Uni (CILIP, Tsunami Fund), France (ABF, le partenariat de la BM d’Angers et de Bamako a été cité), Australie (ALIA). En 1996, l’IFLA a mis en place une base de données pour faciliter les jumelages entre bibliothèques, qui n’a pas eu le succès escompté. De nombreux exemples de partenariats ont été cités : Association des bibliothèques du Colorado et bibliothèques de Bulgarie (vente d’artisanat bulgare dans le Colorado pour financer l’achat de livres) ; Queens Library, New York, et bibliothèque publique de Shanghai (échanges de professionnels et d’expositions) ; bibliothèques de l’Etat de Victoria, Australie, et bibliothèque publique du Timor Oriental (échange de professionnels et aide financière); association de 6 bibliothèques publiques du Royaume-Uni et de bibliothèques publiques dans 6 pays d’Afrique (critiques de livres lus par des lecteurs des deux continents diffusées en vidéo-conférence) ; université de Curtin, Australie, et université de Jakarta, Indonésie (coopération dans les programmes enseignés et accès à distance aux bases de données de Curtin) ; California State University et Université nationale du Vietnam (échange de professionnels) ; University of Illinois, Etats-Unis, et universités africaines (échanges de documents concernant l’Afrique), etc.

Accès à internet en Malaisie
Deux communications sur ce thème : l’une par Maxis, sponsor de la conférence et opérateur de téléphonie, a rappelé que 85% de la population mondiale n’a pas accès à internet. La Malaisie (26 millions d’habitants) compte 5 millions d’ordinateurs et 13% d’internautes. Maxis a rappelé sa participation aux projets USP (connexion internet dans les bibliothèques rurales, voir la communication de la Bibliothèque du Sarawak au Congrès IFLA 2007, disponible en français
), et a évoqué les « CyberKids Camps » organisés pour initier les enfants des écoles rurales à internet (en 2006, 20 camps, 360 écoles, 100000 participants).

L’autre communication, la plus intéressante du congrès à mes yeux, donnait les grandes lignes d’eBario, projet pilote de l’Université de Sarawak (UNIMAS) avec le soutien du Conseil national malaisien pour les TIC, et du gouvernement canadien. Grâce à ce projet, la petite communauté de Bario (1000 personnes réparties en 12 villages), située sur les hauts plateaux du Sarawak et accessible uniquement par avion, est connectée au téléphone et à internet depuis 2004 (les équipements ont été portés à dos de buffle !). Bario représentait un cas réel de la fracture numérique et de pauvreté en milieu rural. Après deux ans de travail et de réunions avec les communautés locales (chef du village, différents groupes religieux, écoles, etc), et grâce à la volonté et la conviction des habitants, des formations ont eu lieu et les équipements et infrastructures ont été installés. Résultats : ouverture du village au tourisme (multiplication des gîtes, avec chacun leur site web, et possibilité de réserver par courriel), bénéfices pour les restaurateurs, commerçants, limitation de l’exode rural, pour les jeunes, intégration et scolarisation en ville pour les études supérieures plus aisées, meilleure gestion des situations de crise ou d’urgence, etc. En projet : un site internet à la manière d’un wiki, qui permettrait à la communauté locale d’enregistrer par écrit ou sous forme audio et video, son héritage culturel qui est en passe de disparaître (langue, coutumes, musique, médecine traditionnelle) ; la forme du wiki pourrait permettre à des linguistes du monde entier de participer au projet concernant la langue… Une bibliothèque numérique embryonnaire a vu le jour (sous Greenstone), avec par exemple une video d’une vieille dame entonant un chant traditionnel, dont les paroles sont transcrites en kelabit et en anglais. Enfin, une conférence aura lieu du 6 u 8 décembre 2007 : ebario Knowledge Fair ! Coût total d’eBario : 170 000 euros. D’autres projets de ce type devraient être menés en Malaisie sur cet exemple. L’avantage de Bario a été de pouvoir miser sur le tourisme comme point d’accroche…

Réseau de bibliothèques en Indonésie
La ville de Yogyakarta tente depuis 2005 de mettre en réseau ses bibliothèques (1 bibliothèque publique et 11 bibliothèques universitaires), avec une politique d’accès et un serveur informatique communs : Jogja Library For All (JLFA). Les obstacles sont nombreux : dommages dus au séisme de mai 2006, manque de communication au sein des bibliothèques et entre elles, peu de volonté de certains bibliothécaires de partager leurs ressources. Cependant le soutien du gouverneur de la ville, des recteurs des universités et des directeurs des bibliothèques, ainsi que la pression du public, ont abouti au lancement du projet en novembre 2006. La mise en réseau de la bibliothèque publique et de 5 universités en 2007 a eu un impact immédiat : le nombre de connexions aux bases de données est passé de 100000 en 2006 à 400000 eu premier semestre 2007. Voir le catalogue commun ici.

Accès en ligne à la bibliothèque pour les étudiants hors campus en Australie
Susan Roberts, bibliothécaire à Swinburne University of Technology, Melbourne (et en 2005 sur le campus de Swinburne à Kuching), a présenté les défis à relever pour répondre aux besoins d’information des 1200 étudiants qui s’inscrivent chaque semestre à Swinburne dans le cadre du réseau Open University Australia regroupant 7 universités proposant un enseignement à distance sans pré-requis d’âge, de nationalité, ni de formation antérieure. La bibliothèque leur propose pour l’instant un service de référence par courriel ou SMS (et bientôt par messagerie instantanée), un blog d’information et des podcasts, la possibilité d’emprunter des documents (envoi postal), l’accès aux bases de données. Le service sera rapidement amélioré avec l’achat de plus de documents disponibles pour le prêt, l’amélioration du site web, une lettre d’information envoyée chaque semestre aux nouveaux inscrits, et surtout la présence de la bibliothèque sur Blackboard (la plateforme de e-learning), avec la possibilité de contacter la bibliothèque depuis Blackboard, et encore plus UV intégrant un quizz ou des connaissances en maîtrise de l’information. Chouette !

NB : sur ce sujet et le suivant, voir un article à paraître à la fin de l’année dans un n° du BBF consacré à la recherche, suite à mon séjour à Perth (Australie) en décembre 2006…

Réservoirs institutionnels
Des bibliothécaires d’Universiti Technologi Mara, campus du Sarawak, ont présenté leur projet de réservoir institutionnel (réservoir de publications des enseignants et étudiants de l’université). Ce réservoir ne contient pour l’instant que les notices bibliographiques mais proposera bientôt le plein texte. Le bibliothécaire, responsable de la base, doit mettre en place la politique de gestion (quelles métadonnées ? comment gérer les différentes versions d’un même article ?) et de conservation du contenu. S’il est évident qu’un tel réservoir donne de la visibilité à l’université et aux travaux de ses chercheurs, le défi reste de convaincre les auteurs d’y verser leurs travaux… ce qui ne manque pas de soulever le sujet du droit d’auteur, de la reconnaissance des publications en ligne versus publications papier, de la rémunération et de la critique par les pairs… Cette présentation a changé quelques unes de mes idées sur les bibliothèques de Malaisie ! D’autant plus que j’ai appris que le réservoir institutionnel de l’University of Malaya (Kuala Lumpur) avait été inauguré la semaine dernière !

Conclusion
En conclusion des 3 jours de conférence, les points suivants ont été soulignés – la plupart sont valables pour d’autres pays que la Malaisie ! :

  • être imaginatif et proposer des services innovants
  • externaliser à défaut d’obtenir du renfort en personnel
  • définir une politique de numérisation institutionnelle
  • développer des bases de données et numériser dans les « niches » (= ce que ne font pas les prestataires commerciaux)
  • fournir d’excellents services de référence
  • être leader en knowledge management
  • intégrer le e-learning aux pratiques actuelles
  • utiliser des logiciels libres
  • travailler en réseau
  • proposer à l’usager ce qu’il veut : de l’information fiable, gratuite, accessible partout et tout le temps
  • militer contre les droits d’auteur trop longs (en Malaisie, 50 ans après la mort de l’auteur !)
  • et enfin, changer les mentalités des bibliothécaires…

 

Valorisation des manuscrits sur feuilles de palmier (quelques exemples) juillet 9, 2007

Filed under: bibliothèques à Bangkok,patrimoine — boscaurelie @ 3:37

Catalogage et édition de textes

Depuis une trentaine d’années, Jacqueline Filliozat est chargée par l’Ecole Française d’Extrême-Orient (EFEO) du catalogage de diverses collections de manuscrits pâlis, en Asie (Cambodge, Laos, Thaïlande, Taïwan…) et en Europe (manuscrits pâlis en écritures cambodgiennes en France : 330 à la Bibliothèque nationale de France, 97 à l’Ecole Française d’Extrême-Orient, 49 au Séminaire des Missions Etrangères de Paris, 12 à l’Institut de Civilisation Indienne du Collège de France, 5 à la Société Asiatique, soit plus de 3000 textes). Ce catalogue est publié sur CD-Rom.

En Thaïlande, les manuscrits sont conservés à la Bibliothèque nationale et surtout dans les monastères où ils ont été déposés, souvent dans de très mauvaises conditions.

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Bibliothèque du Vat-Pho (ancienne bibliothèque, dans l’enceinte du temple, à gauche, et nouvelle bibliothèque à droite, où sont conservés plusieurs milliers de manuscrits)

Ce patrimoine écrit semble peu intéresser les autorités thaïlandaises, aux yeux desquelles les monuments sont plus facilement valorisables pour le tourisme. D’autre part les moines d’aujourd’hui ne savent plus lire le pâli et peu sont motivés pour l’apprendre (contrairement aux étudiants et chercheurs japonais).

De nombreux textes inédits (plus d’une centaine) ont été découverts pendant cette entreprise de catalogage, dont certains ont été et seront publiés par Mme Filliozat, et d’autres par des équipes japonaises d’Otani University.

Pour les manuscrits du Laos, voir ce lien (hébergé par la Bibliothèque nationale de Malaisie!).

Pour l’Inde, qui possède plus de 5 millions de manuscrits, les 5 premiers volumes du catalogue des manuscrits sur feuilles de palmier ont été publiés par l’Institute of Asian Studies, dans le cadre du projet « Memory of Asia », Unesco, Mémoire du Monde. Mais surtout, en 2003, le gouvernement indien a lancé un programme pour la préservation et l’accès aux manuscrits en Inde, la Mission nationale pour les manuscrits, dont une partie des tâches est centrée sur les manuscrits sur feuilles de palmier. La base de données nationale pour les manuscrits, en ligne depuis 2007, contient 100 000 notices de manuscrits et 2500 de catalogues imprimés. La recherche est possible par titre, auteur, sujet, écriture, langue, sujet, support. Jeter un oeil au nombre d’entrées proposées pour “écriture” et “langue” donne une idée de la richesse de ce patrimoine ! Pour un apercu visuel, voir la galerie de photographies (dont un manuscrit sur feuilles de palmier en forme de poisson). NB : les 30 manuscrits du Rigveda (Bhandarkar Oriental Research Institute, Pune, Inde), viennent d’être ajoutés sur la liste de la Mémoire du Monde de l’Unesco.
En savoir plus sur les champs de catalogage: ici.
La Mission pour les Manuscrits propose également des cours tous niveaux en “manuscritologie” et en paléographie. Des centres sont spécialisés pour la conservation.

Numérisation

Tous les manuscrits étudiés par les chercheurs japonais en Thaïlande sont photographiés avec un appareil numérique et les clichés sont mis à disposition de l’EFEO.

En 2003, a été lancé un programme de numérisation des archives et manuscrits cambodgiens, mené conjointement par l’Institut Bouddhique de Phnom-Penh, les Archives Nationales du Portugal et la Société Asiatique (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), avec le soutien financier de la Communauté Economique Européenne, dans le cadre du programme « Asia Information Technology and Communication ».

Expositions en ligne

En 2000, une exposition conjointe de la Smithsonian Institution et de la Siam Society a mis en lumière les cadeaux royaux de la Thaïlande aux Etats-Unis, dont des manuscrits conservés au Département d’Anthropologie de la Smithsonian Institution.

En 2006, l’Université d’Arizona a organisé une exposition après un don de 100 manuscrits sri lankais sur feuilles de palmier.

Conservation

library-lake.jpgBibliothèque de monastère, entourée d’eau pour protéger les manuscrits des rongeurs

wang-na-cabinets8.jpg Bibliothèque du Palais du Wang-Na dans son état originel, avec les cabinets à manuscrits (le Palais abrite aujourd’hui le Musée national de Thaïlande)

Plusieurs ressources :

Jacqueline Filliozat :  » Caring for Pali Buddhist manuscripts on palm-leaves « , conférence donnée à la Siam Society, Bangkok, le 20 mars 2003. 14 p. Texte disponible sur EFEO DATA.

Deux publications du Département de la Préservation de Cornell University portent sur les manuscrits sur feuilles de palmier : stabilisation et boîtes de conservation (avec un patron pour les fabriquer!), conservation et stabilisation (avec la recette de la mixture pour réparer les brisures, cassures, etc. – Sûrement beaucoup mieux que le papier de mûrier, très blanc et peu esthétique, utilisé à la Bibliothèque nationale de Thaïlande…)

Recherches en conservation en Inde. Sont-ils au courant des publications de Cornell concernant la réparation des feuilles de palmier ?

Conservation et numérisation des manuscrits enroulés du Népal.

Et plus généralement, sur la Conservation en Asie du Sud-Est.


 

Ecrire la parole du Bouddha – ou un peu de codicologie… juillet 8, 2007

Filed under: bibliothèques à Bangkok,patrimoine — boscaurelie @ 10:54

Les manuscrits thaïs (mais aussi indiens, cambodgiens, laotiens, birmans, sri lankais) sont traditionnellement écrits sur feuilles de palmier, appelées ôles ou olles, qui, une fois traitées (cuisson avec de l’eau de riz, séchage, découpage, cuisson au four, etc) résistent relativement bien au climat.

Les feuilles sont reliées par une ficelle en liasses de 20 à 30 feuilles , chaque liasse étant numérotée de manière alphanumérique. Des lignes sont tracées sur chaque feuille grâce à une petite planchette dont les 5 ficelles tendues à l’horizontale servent de cordeau. Le scribe grave alors chaque lettre, accrochée sous la ligne, à l’aide d’un stylet, sans bouger la main mais en faisant avancer la feuille. Pour être visible, le texte est ensuite encré avec une préparation à base de suie.

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Scribe écrivant sur une ôle, aquarelle indienne, 1831, Exposition l’Aventure des écritures, BnF / Moine novice s’exerçant à écrire le pali, sur feuilles de mûrier

Les plus beaux manuscrits sont peints ; les tranches peuvent être lacquées et dorées, peintes ou ciselées.

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Manuscrit peint (stupa / anges), texte : Sutra Phra Malai, sur papier, cadeau de l’Etat Thaïlandais, 1966, Département d’Anthropologie, Smithsonian Institution

ms-illustr.jpgDétail (marge gauche) d’un manuscrit peint sur papier de mûrier

Le manuscrit est protégé par des ais de garde en bois, sculptés en ronde bosse, laqués, peints, marquetés, en ivoire, … Enfin le tout est enroulé dans un tissu de soie ou de coton, ou dans un « tissu de rebut » : robes de moines, robes royales, robes de sages, qui ont subi un traitement particulier (tissu trempé, lacqué puis séché).

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Les textes religieux sont le plus souvent notés sur feuilles de palmier ou sur papier (papier de mûrier) plié en paravent. Les manuscrits d’apparat peuvent être notés sur cuivre ou sur ivoire.

La langue dérivée du sanskrit utilisée pour noter les textes religieux de bouddhisme theravada est le pâli, langue supposée être celle du Bouddha, qui peut s’écrire avec différentes écritures.

Les manuscrits conservés en Thaïlande ne sont pas très anciens. Certains portent des indications de date : soit la date elle-même, soit le nom du monastère, du donateur ou du roi, le sceau du roi… La plupart datent du 18e et du 19e siècle, la copie de manuscrits était courante jusque dans les années 1950 !

vat-po-sceau-royal.jpgSceau du roi Rama III (1824-1851) sur un manuscrit du Vat Po

Les manuscrits copiés, notamment ceux du Tripitaka, ou canon bouddhique (corpus de 500 à 600 manuscrits) étaient offerts à des monastères, afin d’acquérir des mérites et renaître dans le Nirvana. Ces manuscrits n’étaient ni lus ni utilisés ! En effet la tradition de transmission était, et est toujours, purement orale. Les manuscrits étaient rangés dans la bibliothèque du monastère, dans des cabinets en bois, dorés, hauts sur pieds (voir billet suivant).

ms-tha-smithsonian.jpg Tripitaka, ou canon bouddhique, manuscrit thaï sur feuilles de palmier, ais en laque noire avec motif de feuilles dorées, cadeau du Roi Chulalongkorn, 1893, Département d’Anthropologie, Smithsonian Institution

ms-pali11.jpg Manuscrit pali, ais et première ôle de chaque liasse décorés

Sources : Extrait de la banque de données de l’Ecole française d’Extrême-Orient, EFEO DATA, Jacqueline Filliozat, 2006; voir aussi L’Aventure des Ecritures, matières et formes, BnF.


 

La Siam Society (Bangkok) juillet 5, 2007

Filed under: bibliothèques à Bangkok — boscaurelie @ 3:28

La « Siam Society under Royal Patronage » a été fondée en 1904, rassemblant les historiens, archéologistes et épigraphes les plus éminents. Sa mission est d’encourager l’étude de l’art, de la culture, des sciences et de l’histoire naturelle de Thaïlande et des pays voisins. Elle compte aujourd’hui 1700 membres, thaïlandais et étrangers (50 nationalités).

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La bibliothèque est un lieu de passage obligé (et fort agréable!) pour toute recherche concernant la région : 25000 documents (livres, périodiques, manuscrits, manuscrits sur feuilles de palmier, cartes, photographies, documents audiovisuels, thèses, etc) en thaï, anglais, japonais, allemand, français, concernant les arts, lettres, sciences sociales et sciences naturelles, ainsi qu’une important collection sur le bouddhisme. Depuis 2003, les livres sont catalogués informatiquement et le catalogue est accessible en ligne.

La Siam Society publie deux périodiques : Journal of the Siam Society et Natural History Bulletin, ainsi que des ouvrages concernant l’histoire et la culture l’Asie du Sud-Est (plus d’une centaine de titres à ce jour).

Enfin la Siam Society est un havre de paix et de verdure en plein centre de Bangkok, ouvert au public, qui peut visiter une maison traditionnelle thaï dans laquelle a été aménagé un petit musée d’ethnographie.